Assurance vie : faut-il s’attendre au pire pour les fonds en euros ?
Les perspectives de rendement des fonds en euros sont sombres au vu des conditions d’investissement pour les assureurs, marquées par des taux obligataires négatifs, notamment.

Le fonds en euros reste le moteur de l’assurance vie, captant peu ou prou 75 % de la collecte. « Les épargnants plébiscitent la garantie », constate Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne (adossé à AG2R La Mondiale). Que cette sécurité soit moins rentable n’y change rien.
Certes, selon l’étude de l’Autorité de contrôle et de régulation (ACPR) publiée à la fin d’août, le rendement 2018 est resté stable, à 1,83 % net (avant taxes sociales). Mais l’érosion est nette sur dix ans (4 % en 2008).
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Surtout, les perspectives sont sombres au vu des conditions d’investissement pour les assureurs, marquées par des taux obligataires négatifs sur les titres des Etats français ou allemand, notamment. « Avec un tel environnement financier, la baisse des rendements des fonds en euros va se poursuivre en 2019 et par la suite, analyse Eric Le Baron, directeur général de Swiss Life Assurance et Patrimoine. Comment peut-il en être autrement ? Pour autant, le fonds en euros reste un placement qui permet de sécuriser son capital : il rapporte plus que toutes les autres solutions garanties, dont les livrets, et davantage que l’inflation. » Dont acte.
Des baisses – modérées – programmées
En coulisses, nombre d’assureurs planifient une baisse de 20 à 40 centimes du rendement cette année, avec des stratégies très différentes selon les compagnies. Mais pas de panique ! Rappelons qu’en moyenne, les obligations d’Etat ne pèsent qu’un tiers des actifs en euros, composés aussi d’obligations d’entreprise, d’immobilier et d’actions.
En outre, les assureurs ne renouvellent chaque année que 10 à 15 % de ces mêmes actifs, conservant des lots d’anciennes obligations plus rentables.
Enfin, ils disposent de réserves importantes, en hausse depuis plusieurs années, estimées par l’ACPR à 4,3 % de rendement à la fin de 2018. Le pire n’est donc pas certain.