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Assurance vie: « Les assureurs vont répercuter la baisse des rendements qu’ils ont subi depuis deux ans »

Avec 1,4 million de clients en épargne, Suravenir  fait partie des acteurs qui comptent dans l’assurance vie. Son président du directoire, Bernard Le Bras, revient sur les fortes baisses de rendements attendues pour cette année.

Mieux Vivre Votre Argent : Le rendement du fonds en euros va-t-il, selon vous, fortement baisser pour 2019 ?

Bernard Le Bras: En 2018, nous avons assisté à une stabilisation du rendement du fonds en euros qui a offert en moyenne, comme en 2017, 1,8% aux épargnants. Sur le plan économique cette rémunération ne reflétait pas celle d’un placement sans risque sur les marchés financiers. Les emprunts d’Etat affichaient déjà à l’époque un rendement très faible. Les autorités de tutelle, comme l’ACPR, considèrent que l’actif général du fonds en euros perd en moyenne 20 à 25 points chaque année compte tenu du contexte de taux bas. Les assureurs vont donc cette année répercuter la baisse des rendements qu’ils ont subi depuis deux ans. Le taux de rendement du fonds en euros devrait donc en moyenne baisser entre 40 et 60 points en 2019. Chez Suravenir, nous n’avons pas encore arrêté ceux qui seront servis cette année, mais il est clair qu’ils seront en retrait par rapport à 2018.

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Suravenir assure notamment Sécurité Pierre Euro qui a affiché le meilleur rendement du marché à 3,20% l’an passé. Ce fonds en euros à dominante immobilière sera-t-il aussi affecté par cette tendance ?

Bernard Le Bras: Les fonds euros dynamiques à dominante immobilière vont rester les plus compétitifs sur le marché. L’immobilier se porte bien : les rendements sont toujours au beau fixe notamment pour les bureaux en Ile-de-France ou encore les biens liés à la santé. Nous sommes donc parvenus à obtenir de très bons résultats pour notre portefeuille, autour de 5%. Néanmoins, le taux servi par Sécurité Pierre Euro devrait lui aussi baisser, même si cela ne sera sans doute pas dans les mêmes proportions que les fonds en euros classiques. A l’heure actuelle, nous détenons environ 2% de réserves, ce qui est en dessous de la moyenne du marché. Dans une démarche de gestion prudente, nous allons en effet les renforcer pour pérenniser nos rendements futurs.

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Certains assureurs demandent actuellement une révision de leurs règles de solvabilité, notamment l’intégration des réserves dans le calcul des fonds propres. Cette mesure ne va-t-elle pas à l’encontre des intérêts des épargnants ?

Bernard Le Bras: Plus nous collectons sur nos fonds en euros, plus nous créons de la richesse future négative puisque nous sommes obligés, compte tenu de nos règles prudentielles dictées par la directive Solvabilité 2, d’investir ces nouveaux flux dans des placements sans risque qui rapportent au mieux 0. En six mois, notre marge de solvabilité est passée de 170% à 118% à fin juin dernier. Nous sommes encore au-dessus du seuil réglementaire de 100. En intégrant le montant des réserves, c’est-à-dire notre PPB ou provisions pour participation aux bénéfices, dans le calcul de nos fonds propres, nous aurions plus de marge de manœuvre. Et surtout, nous aurions les mêmes règles que celles qui s’appliquent déjà pour d’autres assureurs en Europe, notamment en Allemagne. L’idée n’est donc clairement pas de léser les épargnants.

Quelles sont les autres alternatives ?

Bernard Le Bras: Nous allons  modifier les conditions d’accès  à nos fonds en euros par la souscription d’une part plus importante d’unités de compte. Le triangle magique du fonds euros à savoir garantie du capital, rendement et liquidité à tout moment n’est plus  envisageable avec des fonds euros classiques. L’épargnant français doit désormais prendre conscience qu’investir à 100% dans un fonds en euros ne rapporte presque plus rien. Il lui faudra accepter une certaine dose de risque en se tournant vers les unités de compte s’il veut obtenir du rendement. Bien sûr, nous n’allons pas conseiller à nos assurés d’investir massivement sur les actions, mais il faut opter pour de nouvelles solutions : la  gestion sous mandat, l’immobilier ou encore l’utilisation de produits structurés constituent par exemple des alternatives pour 2020.