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Immobilier : comment va se passer la reprise après le confinement ?

Le période de confinement a stoppé le marché de l'immobilier, un secteur où les visites, les promesses de ventes et les transactions sont totalement à l'arrêt. Etat des lieux en pleine crise du coronavirus. 

Le confinement, période de paralysie décidée par le gouvernement pour lutter efficacement contre la crise sanitaire du coronavirus, a mis un frein d’arrêt au marché de l’immobilier. Toutes les prédictions étaient données comme exceptionnelles pour ce printemps 2020, l’épidémie en a décidé autrement. Comment les acquéreurs et vendeurs vont-ils réagir face à cette période incertaine ? Quelle reprise faut-il espérer ? Eclairages avec Thomas Lefebvre, directeur scientifique chez Meilleurs Agents.

La crise sanitaire du coronavirus a mis à terre un pan entier de l’économie. Et l’immobilier n’est pas resté de marbre. Tous les voyants sont au rouge. Actuellement, il n’y aurait plus de nouvelles transactions en cours. Seuls les anciens compromis sont traités, à distance, par quelques notaires de service.

Une perte de 20% sur l’année

C’est le premier constat que dresse Thomas Lefebvre, spécialiste chez Meilleurs Agents. « En tout, le secteur va connaître une perte de 20%, en comparaison avec le printemps 2019, et ce, même si les projets immobiliers sont reportés en fin d’année », estime le spécialiste. Habituellement, on est sur un niveau de transactions qui atteint le million d’euros sur une année, mais avec cette crise sanitaire, l’expert table plus sur 800, 900.000 transactions si tout se passe bien après la fin du confinement. « L’élément le plus important, que tous les spécialistes du secteur de l’immobilier attendent, c’est la date de la fin du confinement. A quel moment on pourra reprendre une vie normale et quelle sera aussi la réussite de la sortie de crise », annonce Thomas Lefebvre.

Un marché immobilier paralysé

Pourtant, tous les signaux étaient au vert pour vivre un printemps de l’immobilier exceptionnel. Les mois de janvier et de février étaient marqués par une hausse des prix particulièrement élevée pour ce moment de l’année, et les quinze premiers jours de mars attestaient à leur tour du dynamisme du marché. « En deux semaines, depuis le confinement, les tarifs dans les dix plus grandes villes de l’Hexagone avaient déjà grimpé de 0,2% et allant même jusqu’à 0,5% pour Paris, amenant les prix parisiens proches des 10 600€/m² en moyenne » analyse l’expert. Actuellement, toutes les transactions sont à l’arrêt. Comme à l’image du pays, l’immobilier est paralysé. Les acquéreurs et les vendeurs sont silencieux. « Tout dépendra de la sortie de crise. Comment les marchés financiers vont réagir aux annonces du gouvernement d’une part, et comment les banques vont se comporter avec les mesures de la BCE qui visent à les soutenir. Mais au départ, c’est aux besoins de crédits des entreprises que les banques vont devoir répondre, avant ceux des ménages et leurs demandes de prêts », détaille l’expert de chez Meilleurs Agents.

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Profiter du confinement pour se préparer

« Le meilleur conseil que je puisse donner, est d’attendre. Observer comment le marché évolue, et commencer à préparer la reprise depuis chez soi. Pour les vendeurs, c’est le moment de prendre contact avec un son agent immobilier pour faire une estimation du marché. Même en confinement, les conseillers immobiliers peuvent consulter leur portefeuille clientèle, vous pouvez discuter de la stratégie commerciale. Côté acquéreurs, renseignez-vous ! Prenez rendez-vous au téléphone avec un courtier, évaluer vos capacités d’emprunt, c’est le moment ! Il est possible de peaufiner son projet pendant cette période en réfléchissant à quel va être le projet dès la sortie du confinement, et pourquoi pas, prévoir un planning des visites à organiser sur un secteur géographique », explique Thomas Lefebvre.

Des répercussions sur les prix des biens

Autre conséquence, une baisse envisagée sur les prix du marché. Chez Meilleurs Agents, deux scénariis sont envisagés avec une échéance à 6 mois. C’est ce que précise le spécialiste : « Un premier cas de figure qui ouvre une période de reprise à partir de cet été voire septembre. D’ici là, les futurs acquéreurs, qui auront eu, par exemple, une baisse de revenus, pourront reprendre une activité normale et retrouveront donc un niveau de salaire rassurant pour les banques ». Un second scénario est de voir arriver des projets reportés du printemps à la fin d’année. En attendant, la demande étant moins forte, les prix des biens vont sûrement connaître une baisse. « Tout dépendra de la zone géographique et du tissu économique local. En effet, la plupart des grandes métropoles françaises seraient plus épargnées par ce recul des prix. Ceux sont des marchés où il existe une importante réserve de demande et pour lesquels les acheteurs potentiels sont financièrement moins impactés, avec par exemple une large proportion de cadres en CDI pouvant télétravailler. Cependant, une ville comme Toulouse où l’aéronautique, qui est très touché par la crise, est très présent dans la ville, pourrait être plus impactée », indique Thomas Lefebvre.

Une sortie de confinement décisive

Tout porte à croire que la fin du confinement sera le point d’accroche déterminant. « Il faudra être attentif à la sortie du confinement et quand elle aura lieu. A ce moment-là, nous verrons si toutes les mesures prises par le gouvernement ont été bénéfiques. Si les banques et les marchés financiers sont rassurés par les différentes annonces économiques fortes, si les gens reprennent le chemin du travail, si la crise financière passe au plus vite, alors le marché de l’immobilier suivra, et repartira aussi, même si c’est à la rentrée de septembre. D’ici là, il faut attendre et se préparer au mieux », conclut Thomas Lefebvre.