« Les prix parisiens devraient être relativement épargnés par les conséquences de la crise sanitaire »
Les prix des appartements à Paris étaient au plus haut avant le déclenchement de la crise sanitaire. Yann Jéhanno, Président du réseau Laforêt nous explique ce que le confinement pourrait changer pour le marché immobilier parisien et nous livre son sentiment sur l’évolution des prix.

Comment envisagez-vous la reprise de votre activité à partir du 11 mai ?
Yann Jéhanno : Globalement, nous préparons la reprise sur deux plans : un sanitaire, l’autre opérationnel. Sur le plan sanitaire, nous mettons en place des mesures pour sécuriser nos collaborateurs ainsi que nos clients.
Nos agences seront dotées de distributeurs de gel hydroalcoolique, de masques, de parois en plexiglas pour les bureaux d’accueil, de marquages au sol pour matérialiser la distanciation…
Un guide de bonnes pratiques sanitaires est en cours de validation, il sera partagé dans toutes les agences du réseau Laforêt.
L’organisation des agences est aussi repensée. Le recours au télétravail, que nous avons mis en place dans l’urgence devrait être en partie reconduit. Pour assurer notre rôle de commerce de proximité, les effectifs devraient également se relayer afin de permettre la reprise en toute sécurité.
Sur le plan opérationnel, nous adaptons nos méthodes pour faire face à deux types de comportement de la part de la clientèle.
Après le 11 mai, certains clients agiront presque comme avant la pandémie. Ils viendront dans nos agences discuter de leur projet, et voudront visiter des biens. Nous travaillons en collaboration avec toutes les parties prenantes pour ajuster nos processus. De nombreuses questions se posent. Comment organiser la visite d’un appartement occupé ? Le vendeur doit-il participer à la visite ? Dans le cas d’un couple, combien de clients peuvent entrer dans l’appartement pour le visiter ? L’agent immobilier doit-il rester sur le palier ?
Une fois le confinement levé, des clients, en revanche, se montreront encore réticents à se rendre dans nos agences et à mener des visites physiques. Il faudra alors travailler à distance. Chez Laforêt, cela ne nous pose aucun problème, c’est une pratique que nous avons mis en œuvre depuis déjà quatre ans. Estimation et suivi des ventes en ligne, visites virtuelles et signatures électroniques sont déjà opérationnels dans notre réseau. Chaque mois, plus de 10.000 actes de toute nature sont signés électroniquement dans nos agences. Nous avons aussi développé de nouveaux services comme Visio Visit, une solution de visite à distance qui regroupe le vendeur, le client et notre agent sur une même interface. Là encore, nous avons aménagé nos processus métiers dans la mesure où la visite à distance nécessite d’autres règles pour rester fluide et pertinente.
On peut penser que les parisiens confinés ont eu le temps de murir leur projet immobilier. Cette période aura-t-elle un impact sur leurs projets ? Ne vont-ils pas rechercher plus de mètres carrés, des terrasses et de la verdure, ce que Paris offre peu ?
Yann Jéhanno : Le confinement s’est traduit par un recours massif au chômage partiel et au télétravail à marche forcée. Cette situation devrait faire bouger les lignes.
De nombreux citadins portent désormais un nouveau regard sur leur logement. Certains parisiens se sont en effet retrouvés à travailler dans des conditions inadaptées, sur la table basse du salon par exemple, ou encore dans une chambre ou dans la cuisine. Le sujet des mètres carrés n’a jamais été aussi prégnant.
La recherche de la clarté va aussi revenir comme un critère de recherche. Durant le confinement, l’obscurité d’une pièce ou le vis-à-vis d’un logement se font davantage ressentir. Pendant quelques jours, les gens s’en accommodent, au-delà, cela peut devenir pesant.
Il n’est donc pas impossible que la proximité du travail recule un peu dans la hiérarchie des critères de recherche, et à l’inverse, que le voisinage d’un espace vert, le calme, la luminosité gagnent des places.
Mais des intentions à l’acte, il y a un pas que les clients ne franchissent pas toujours. Le confinement est une période atypique, en dehors de toute normalité. Au moment des grèves, cet hiver, les parisiens ne rêvaient que de vivre à proximité immédiate de leur emploi.
Le marché immobilier parisien était au plus haut en termes de prix avant l’annonce du confinement. Quelle évolution anticipez-vous pour les mois qui viennent ?
Yann Jéhanno : Avant le confinement, il y avait 10 acquéreurs potentiels pour un bien en France, et 90 pour un appartement à Paris. Le marché immobilier parisien était extrêmement déséquilibré, caractérisé par une forte sur-demande.
Quand bien même, après la crise, la demande régresserait, ce que rien n’indique, le marché resterait déséquilibré avec une demande encore nettement supérieure à l’offre.
De surcroît, je ne crois pas à un décrochage de la demande. Les français démontrent toujours un intérêt robuste pour la pierre. Les dix premiers jours du confinement, la sidération prévalait, ce qui s’est traduit par un recul de 40% du nombre de visites sur laforet.com. Depuis lors, le trafic se redresse régulièrement et les internautes passent de plus en plus de temps à investiguer et à murir leurs projets.
Autre caractéristique, primordiale pour les investisseurs, le marché parisien est extrêmement liquide. Si vous possédez un bien et que vous souhaitez le revendre, il trouvera rapidement preneur. C’est incontestable pour les petites et moyennes surfaces et les biens sans défaut majeur.
Que ce soit au niveau du pouvoir d’achat ou de la situation professionnelle, les acquéreurs parisiens possèdent également des caractéristiques bien spécifiques.
Enfin, il est courant de comparer les prix de Paris avec d’autres métropoles françaises. Pourtant, Paris est une capitale qui regroupe les pouvoirs politiques, administratifs, économiques, … Elle doit être comparée aux autres capitales. Et à cet aune, la ville lumière séduit grandement les investisseurs étrangers.
Toutes ces raisons m’amènent à penser que les prix parisiens devraient être relativement épargnés par les conséquences de cette crise sanitaire.