Iliad: l’hémorragie d’abonnés continue chez Free

Iliad, maison-mère de l’opérateur télécoms Free, a encore souffert face à la concurrence durant le premier semestre de l’exercice, subissant une fuite d’abonnés tant sur le fixe que le mobile. Entre janvier et juin, l’opérateur a perdu 70.000 abonnés sur le mobile et 47.000 sur le fixe, selon ses résultats semestriels publiés mardi.
Plus grave, la tendance s’est retournée dans le mobile entre le premier et le deuxième trimestre: après avoir gagné 130.000 nouveaux clients sur le premier, il en a perdu 200.000 sur le deuxième. « Nous ne perdons que des clients sur l’abonnement 0-2 euros », a assuré le directeur général du groupe, Thomas Reynaud.
Un avis que ne semble pas partager les concurrents de Free: « nous observons que les nouveaux abonnés sont de gros consommateurs, tant de voix que de données », soulignait ainsi l’un d’entre eux ces dernières semaines.
« Nous avons eu des résultats qui n’ont pas été à la hauteur de nos ambitions avec un léger retrait de notre base d’abonnés, ce qui est décevant » concède Thomas Reynaud. « Nous avons cependant réagi très vite, avec des mesures commerciales qui ont rapidement porté leurs fruits, avec un retour de la croissance des abonnés depuis juin », ajoute t-il.
En un an, Iliad a perdu la moitié de la capitalisation en Bourse
Au total, Free compte désormais 13,62 millions d’abonnés sur le mobile, dont 7,55 millions pour l’offre 15-20 euros, et 6,47 millions d’abonnés sur le fixe.
En Bourse, le titre bondissait ce mardi, les investisseurs appréciant une rentabilité meilleure que prévu. Le cours progressait de 10,92% mardi à 12H08 à la Bourse de Paris, à 119,85 euros, dans un marché en baisse (-1,04%).
« L’Ebitda (excédent brut d’exploitation) est supérieur aux attentes malgré des promotions agressives et une hausse de la TVA mais qui sont partiellement contrebalancées par une baisse des coûts d’itinérance auprès d’Orange », selon les analystes de Société Générale.
Les investisseurs avaient largement anticipé la baisse du nombre d’abonnés de Free au fil de la publication des résultats de ses concurrents, le titre décrochant ainsi de près de 6% lors des résultats semestriels de Bouygues Telecom, le 30 août.
En un an, Iliad a perdu près de la moitié de la capitalisation en Bourse qui atteint désormais environ 7 milliards d’euros.
Une arrivée tonitruante en Italie
Dans le fixe, le repli du nombre d’abonnés s’est accéléré avec une baisse de 28.000 au deuxième trimestre, après que 19.000 étaient déjà partis au premier trimestre. Pire, le revenu moyen par abonné (ARPU) sur le fixe continue de reculer, en baisse de 1,20 euro sur un an, et de 1,10 euro par rapport au 31 décembre, pour s’établir à 32,80 euros. Il avait cependant connu une forte baisse au premier trimestre et s’est stabilisé sur le second.
En Italie, l’opérateur semble en revanche réussir sa percée. Il revendiquait 635.000 d’abonnés au 30 juin, soit après un mois d’activité commerciale, pour un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros. Iliad assure également avoir passé début août la barre de 1,5 million d’abonnés dans la péninsule.
« La progression de la base clients d’Iliad reste très solide » en Italie, avec au début quelque 20.000 nouveaux abonnés par jour, puis mi-juillet et début août une accélération probablement autour de 25.000, selon les analystes d’Equita.
Sur les six premiers mois de l’année, le groupe a réalisé un bénéfice net récurrent de 232 millions d’euros en baisse de 0,4% et un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros, en très léger recul de 0,1%, justifié en particulier par « un contexte très concurrentiel » en France.
En termes d’objectifs, Iliad vise une marge d’Ebitda en progression sur 2018 et de plus de 30% à partir de 2020, avec un niveau d’investissement pour l’exercice en cours (hors fréquences et lancement d’une nouvelle box) autour de 1,55 milliard d’euros.
Malgré la baisse d’abonnés, le groupe améliore sa rentabilité en France, avec un Ebitda en hausse de 2,2% à 894 millions d’euros. Au total, l’Ebitda s’affiche en revanche en baisse de 1%, en raison de l’Italie.