La Bourse de Paris proche de l’euphorie après les élections de mi-mandat aux Etats-Unis

« Immense succès ». Peu de temps après avoir pris connaissance des premiers résultats sortis des urnes des élections de mi-mandat, Donald Trump expédie un tweet de réjouissances. « Immense succès », mais pour qui ? Bien sûr, ses troupes ont conservé leur majorité au Sénat, emportant même trois sièges supplémentaires. Mais le président américain -soupçonné par le sénateur démocrate Bernie Sanders de mentir trente fois par jour, chiffres à l’appui, devra désormais composer avec une Chambre des représentants qui a basculé dans l’opposition : les rouges ou républicains n’y détiennent plus que 193 sièges, selon les pointages réalisés à 8h30 ce matin. Il n’y pas eu de vague bleue démocrate ni de plongeon des républicains.
Sur les marchés, du calme et de l’euphorie
Les marchés ont réagi avec calme à cette transition. Au cours de la nuit, les taux longs américains se sont détendus, passant de 3,245 à 3,1878. Tout comme le dollar, qui lui s’est replié de 1,404 euro à 1,443 euro puis au dessus de 1,15 euro. A Tokyo, le Nikkei n’a cédé qu’un petit 0,28 % à 22 085,80 points. Paris manifeste pour sa part un sentiment proche de l’euphorie avec un CAC 40 qui bondit de 1,42 %, soit 5147,40 points à 11h05. Dans sa note quotidienne, Stéphane Déo, chez La Banque Postale AM, table sur moins de pression haussière sur la monnaie américaine. Sans oublier une Fed avec les coudées franches pour relever ses taux directeurs et canaliser « une économie sous stéroïdes » comme la décrivait Edouard Carmignac président de la société de gestion d’actifs Carmignac Gestion et éviter de « courir derrière la courbe » de ces taux. D’où selon Stéphane Déco, une réforme fiscale (Donald Trump promet une baisse de 10 % des impôts des ménages l’an prochain) maintenue, mais atténuée. Et de s’interroger sur « une relance dont l’opportunité est plus que discutable en fin de cycle et avec un marché de l’emploi proche de la surchauffe ».
Deux secteurs industriels vont profiter des changements politiques
Les démocrates ayant repris la main sur la politique économique, deux secteurs devraient en profiter. D’abord celui de la santé puisque leur majorité pourrait bloquer les projets de démantèlement des aides publiques lancés par l’administration Obama. Celui de la construction et des matériaux enfin, puisque avec les républicains ils s’accordent à juger indispensables des investissements importants pour remettre en état des infrastructures comme des routes et des ponts. Les deux camps devront tout de même composer avec un sacré spectre : un déficit budgétaire proche de 1000 milliards de dollars, et qui devrait atteindre 1500 milliards d’ici dix ans. Autant de dettes supplémentaires et de marges de manœuvre en moins en cas de crise financière future…
Et la guerre économique ?
Quant à la diplomatie économique américaine, elle ne devrait pas vraiment être influencée par ces résultats. Là-bas comme en France, les affaires étrangères appartiennent au domaine réservé du président. De même, le thème du protectionnisme, ou du rééquilibrage des échanges commerciaux avec la Chine, rencontre un certain écho chez les électeurs américains. Tant pis pour les marchés financiers qui comptaient, sans trop d’espoir, sur la dissipation de ce nuage anthracite sur la croissance mondiale.