Un rally de fin d’année est-il possible sur les marchés actions ? Pour certains analystes, c’est envisageable
Trois semaines après un mois d'octobre éprouvant pour les marchés actions, les gérants d'actifs peinent à y revenir franchement à l'achat. Certains admettent que la période se prête à quelques achats très ciblés.

« Que faire ? » Après un mois d’octobre rouge, les investisseurs se posent la même question que Lénine à peine arrivé au pouvoir en Russie. Ceux qui tablaient sur un rebond tranquille des marchés actions en sont pour leurs frais : les indices de référence naviguent toujours aux altitudes du mois passé après un dévissage de l’ordre de 10 % pour la plupart d’entre eux. Les bureaux d’études peinent à apercevoir des éclaircies ou des relais de croissance sur le Vieux Continent. La suisse Pictet AM, envisage certes un rally de fin d’année, mais son regard pointe vers le Japon et l’Asie d’abord, vers les Etats-Unis ensuite. En Europe, le diagnostic n’évolue pas ou peu : trop d’incertitudes politiques. Deux pays focalisent l’attention des salles de marché : l’Italie et le Royaume-Uni. Hier, la Commission de Bruxelles à lancé une procédure de déficit excessif contre ce premier pays. Outre qu’il se prononcera sur l’accord sur le Brexit négocié par Michel Barnier pour l’UE avec la britannique Theresa May, le Conseil des Ministres européens devrait, sauf surprise, approuver cette décision dimanche prochain. Et qui sait aller plus loin d’ici quelques semaines, comme le souligne Stéphane Deo pour LBP AM : infliger au gouvernement italien une amende équivalente à 0,2 % du PIB ! L’ennui, c’est que dans la troisième économie continentale, la croissance stagne à 0 %. D’où quelques interrogations sur la dynamique européenne : La croissance de la zone euro ne risque-t-elle pas de s’inverser avec une production estivale en baisse en Allemagne, plombée par l’automobile, et une France désorganisée par les barrages des gilets jaunes ?
Privilégier les valeurs moins aux fondamentaux solides
Autant d’interrogations qui poussent les experts d’Ethenea à privilégier les valeurs aux fondamentaux solides, défensives, avec une bonne visibilité et détenant des marques mondiales. Surtout, la sélection, complète Alliance Bernstein, doit se concentrer sur des entreprises moins exposées à l’instabilité régionale, leaders mondiaux sur leurs spécialités, voire qui se donnent les moyens de rester dans la course à coups de restructurations et de transformation. Arkema, recommandé par Mieux Vivre, figure dans la ligne de mire de cette boutique, tout comme certaines sociétés de l’énergie, productrices de matières premières. Et les grandes marques européennes, qui profiteront tant du Black Friday que des fêtes de fin d’année, bien que les valorisations du luxe demeurent élevées.
Les marchés s’interrogent surtout sur la capacité des valeurs à maintenir la progression de leurs bénéfices l’an prochain. L’inquiétude se manifeste surtout à Wall Street avec une High Tech en décrochage fulgurant depuis le début de la semaine. Dorval AM rappelle qu’au troisième trimestre 2018, les ventes des GAFAM (Google Amazon Facebook Apple Microsoft) ont augmenté de plus de 20 %, contre 10 % depuis 2010. Et de poser la seule question qui vaille : jusqu’à quand peuvent-ils tenir ce rythme ? D’où une défiance qui contaminerait à nouveau les petites et moyennes capitalisations européennes si ces dernières émettent des révisions de résultats. Concluant sur une note optimiste, le gérant d’actif pointe une multiplication des signaux d’achats depuis le début du mois. Tel celui de l’ajustement des valorisations ou des PE (rapports Cours/Benefices) : de 18 en début d’année à 16 aujourd’hui sur le S&P 500 américain, de 16 à 14 dans le même temps sur l’Euro Stoxx 300. Reste à savoir si les marchés diminueront leurs peurs.