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Chahuté en 2018, BNP Paribas moins ambitieux pour 2020

BNP Paribas revoit à la baisse ses ambitions pour 2020 et se prépare à redoubler d'efforts pour faire la chasse aux coûts.

Crédit: iStock.

Le groupe bancaire BNP Paribas a revu mercredi en baisse ses ambitions pour l’horizon 2020 et se prépare à devoir redoubler d’efforts pour faire la chasse aux coûts, à l’issue d’un exercice 2018 assombri par des turbulences dans les activités de marché.

L’évolution des revenus « est pénalisée par l’environnement de taux toujours bas et un contexte de marché défavorable, accentué par des conditions particulièrement difficiles en fin d’année », a déploré la banque qui vu ses bénéfices et ses recettes s’effriter en 2018.

BNP Paribas a particulièrement souffert dans ses activités de marché, qui ont été pénalisées au dernier trimestre par une conjonction d’incertitudes, liées aux craintes de tensions commerciales sino-américaines, aux possibles conséquences du Brexit ou encore à divers risques politiques en Europe.

La banque n’est certes pas un cas isolé et des acteurs du secteurs, tels les américains JPMorgan ou Goldman Sachs, ont déjà signalé avoir rencontré les mêmes difficultés. Reste que BNP Paribas est contraint de revoir en baisse l’évolution attendue d’un certain nombre d’indicateurs pour tenir compte de la contre-performance de l’année 2018.

À mi-chemin de son plan stratégique pour 2016-2020, le groupe n’attend plus qu’une croissance du produit net bancaire de 1,5% par an d’ici à 2020, au lieu des 2,5% espérés jusqu’à présent, et une rentabilité des fonds propres avoisinant 9,5%, contre 10% jusqu’alors escomptés.

L’abandon d’activités est à l’étude

Pour réaliser cette feuille de route, BNP Paribas a annoncé devoir accroître sensiblement ses efforts de réduction de coûts, lesquels seront réalisés principalement dans sa division de financement et d’investissement, là justement où sont cantonnées les opérations de marché, pour « redresser une rentabilité qui s’écarte de la trajectoire ».

Le groupe étudie notamment l’abandon de certaines activités non-stratégiques, dont le périmètre potentiel pourrait « représenter des revenus de l’ordre de 200 à 300 millions d’euros ». 

Il entend également amplifier « l’industrialisation pour réduire les coûts », tout en menant diverses mesures de réorganisation pour « redresser les performances des activités de change et dérivés d’actions » et optant pour une « croissance sélective en Amérique et en Asie ».

Le groupe table ainsi sur un objectif d’économies récurrentes de coûts réhaussé à 3,3 milliards d’euros à partir de 2020. Ce chiffre représente 600 millions d’euros de plus que le plan initial, dont 350 millions viendront de la seule banque de financement et d’investissement.

BNP Paribas « déploie des efforts d’économie supplémentaires pour améliorer sensiblement l’efficacité opérationnelle dans tous les pôles dès 2019 », a souligné son directeur général Jean-Laurent Bonnafé, cité dans un communiqué.

Une dynamique commerciale soutenue

En 2018, le groupe a dégagé un bénéfice net en repli de 3% sur un an, à 7,53 milliards d’euros.En cause? Un « effet de ciseau négatif », qui se forme lorsque les recettes baissent alors que les coûts augmentent.

Du côté des recettes, le produit net bancaire, équivalent du chiffre d’affaires, est ressorti en baisse 1,5% sur un an, à 42,5 milliards.

Particulièrement pénalisant, les revenus des activités de courtage des produits financiers liés aux obligations, devises et matières premières (FICC) ont plongé de plus de 20% sur l’ensemble de l’année. Ceux des marchés actions et dérivés ont reculé de 6%.

Les frais de gestion ont quant à eux grimpé de presque 2%, ce qui s’explique par le dynamisme de l’activité dans les métiers spécialisés que sont l’assurance, le crédit à la consommation ou encore l’immobilier commercial, met en avant la banque.

BNP Paribas se félicite en effet d’une activité commerciale soutenue, notamment dans ses activités de détail qui ont enregistré en 2018 une hausse de près de 5% des encours de crédit. Les dépôts sont aussi signalés en augmentation tandis que la banque privée a engrangé une collecte nette de plus de quatre milliards d’euros.

Sur le seul marché français, le groupe fait état d' »une croissance soutenue des crédits aux particuliers et aux entreprises et, pour les crédits immobiliers, la confirmation du retour à la normale du niveau des renégociations et remboursements anticipés ».

La banque en ligne Hello bank! a quant à elle atteint 3 millions de clients et franchit le cap des 400.000 clients en France « grâce à un bon niveau d’acquisition nette », fait valoir le groupe. Le coût du risque, c’est-à-dire les provisions mises de côté pour palier d’éventuels accidents de remboursement de crédit, est pour sa part en recul de 5%.