Se connecter S’abonner

Coronavirus : ruée vers les dettes des pays les plus sûrs

Les investisseurs se précipitent sur les obligations des Etats les plus sûrs, entraînant les taux vers de nouveaux records à la baisse.

Face au nouveau vent de panique boursière qui s’abat sur les marchés mondiaux, les investisseurs se réfugient sur la dette des pays réputés sûrs, Etats-Unis et Allemagne en tête, faisant chuter les taux d’intérêt à des niveaux jamais atteints.

A la mi-journée, le taux d’intérêt sur la dette américaine à dix ans se détendait à 0,429%, soit une baisse de 33 points de base, après avoir chuté jusqu’à 0,323% un peu plus tôt, le plus bas de son histoire. Le taux d’intérêt évolue en sens opposé à celui du prix des obligations.

Fait inédit, tous les rendements de la dette américaine évoluaient sous la barre de 1% après le passage sous ce niveau du taux de la dette à 30 ans, à 0,899%.

« On observe une aversion au risque très forte » sur le marché de la dette, relève Hubert Lemoine, directeur des investissements chez Schelcher Prince Gestion.

Autres valeurs refuge pour les investisseurs, le taux allemand à dix ans, le « Bund », cotait -0,874% en début d’après-midi, en baisse de 16 points de base, après avoir touché un nouveau record à la baisse à -0,891%. Celui à 30 ans s’affichait à -0,526%, peu après avoir atteint son nouveau plus bas historique à -0,548%.

Le taux français à dix ans s’enfonçait lui aussi un peu plus en territoire négatif, à -0,405% contre -0,352% à la précédente clôture, après avoir touché un plus bas à -0,414% en milieu de matinée.

Les investisseurs se réfugient vers ces actifs réputés peu risqués, ces Etats présentant peu de risque de faire défaut, alors que les places financières connaissent un nouveau lundi sombre, dans le sillage de l’écroulement des cours du pétrole alors que des discussions entre l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés, principalement la Russie, ont échoué.

La BCE devrait annoncer des mesures « inédites »

A l’inverse, le taux d’intérêt sur la dette de certains pays périphériques de la zone euro se tendait, à l’instar du taux italien à dix ans qui évoluait à 1,336%, soit une hausse de 27 points de base par rapport à la précédente clôture, alors que l’Italie est confrontée à une paralysie économique du fait de la crise du coronavirus.

Le marché de la dette et l’ensemble des marchés financiers sont soumis à de très fortes pressions depuis l’éclatement de cette crise sanitaire à travers le monde, faisant notamment craindre des faillites massives d’entreprises en raison de potentielles mesures de confinement.

Face aux turbulences financières, les autorités tentent de rassurer : après avoir annoncé une baisse surprise des taux d’intérêt de 0,50 point le 3 mars, la Banque centrale américaine a annoncé qu’elle allait injecter au moins 150 milliards de dollars par jour sur le marché monétaire.

A LIRE>>> Coronavirus : Bercy prévoit un impact sévère sur la croissance

La Banque centrale européenne est désormais très attendue et pourrait déployer jeudi un éventail de mesures, inédites pour certaines, alors que ses marges de manœuvre sur les taux sont réduites du fait de taux déjà au plus bas.

Après les prêts géants bon marché accordés aux banques (TLTRO) depuis cet automne, dont les conditions pourraient être encore assouplies, il pourrait s’agir de lancer un programme de prêts « pour les PME », indique à l’AFP une source proche de la BCE.

Face à l’épidémie, sa présidente, Christine Lagarde, devrait par ailleurs plus que jamais inviter les Etats à réagir, elle qui martèle que la politique monétaire ne peut pas tout faire.

Parmi de potentielles mesures budgétaires, les analystes de la Banque postale AM évoquent des mesures de soutien à la consommation et à la trésorerie des entreprises. Il existe « beaucoup de solutions pour amoindrir les effets récessifs du coronavirus, reste à savoir si elles seront mis en place », résument-ils.