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Coronavirus : Plan de la BCE, des effets sur les taux, peu sur les Bourses

Le programme d’urgence de la BCE n’a pas réussi à rassurer les marchés boursiers, toujours focalisés sur la propagation de l’épidémie dans le monde. En revanche, il a eu l’effet escompté sur les taux européens qui se sont détendus.

Crédit: iStock.

L’éclaircie aura été de très courte durée sur les marchés actions après les 750 milliards du plan d’urgence annoncé dans la nuit par la BCE : les Bourses européennes repartaient dans le rouge jeudi 19 mars à la mi-journée, mais l’effet a été plus positif sur les taux souverains.

Les bourses européennes à nouveau dans le rouge

Après avoir rebondi à l’ouverture, temporairement ragaillardies par le « bazooka » monétaire déployé par la Banque centrale européenne face au coronavirus, les Bourses de Paris, Francfort et Londres évoluaient de nouveau dans le rouge à la mi-journée, tandis que Wall Street se préparait à plonger de 2% à 3% à l’ouverture, selon les contrats à terme sur les trois principaux indices américains.

« Les actions ont énormément souffert depuis le début de l’année et sont de nouveau dans le rouge » actuellement, témoignant d’une faible réaction aux annonces de la BCE, commente auprès de l’AFP Julien Rolland, gérant obligataire spécialiste des taux souverains chez Aviva Investors.

La BCE a sorti la grosse artillerie avec un plan d’« urgence » de 750 milliards d’euros de rachats de dettes, publiques et privées, pour tenter de contenir les répercussions sur l’économie de la pandémie de coronavirus.

Il s’ajoute à une première enveloppe de 120 milliards d’euros déjà débloquée face à la maladie et au programme habituel de rachats d’actifs de 20 milliards d’euros mené par l’institution depuis le mois de novembre.

Ainsi, « tous les achats d’actifs annoncés reviennent à des sommes considérables de plus de 1.000 milliards d’euros d’ici à la fin de l’année », rappelle M. Rolland.

« Pour répondre en partie à la réaction des marchés » suite à ce qui a été interprété par beaucoup comme une erreur de communication de Christine Lagarde, sa présidente, jeudi dernier, « la BCE réaffirme son engagement par rapport aux niveaux de taux et précise qu’elle continuera à mettre en place d’autres mesures et qu’il n’y a pas de limite à ce qu’elle peut faire », précise-t-il.

Resserrement des « spreads » en Europe

Ces annonces « très positives », selon lui, ont surtout eu un effet sur les taux d’emprunt européens, dont l’envolée des derniers jours a été en partie freinée.
On « constate un resserrement assez marqué » des écarts de taux entre l’Allemagne, dont le rendement se stabilise, et les autres pays de la zone euro, en particulier l’Italie, qui voyait son taux nettement baisser ce jeudi, tout comme celui de l’Espagne, et de la France dans une moindre mesure.

« Ce sont les pays de la périphérie (les pays les plus fragiles de la zone euro, NDLR) qui profiteront le plus de ces achats de la BCE dans les prochaines semaines, ce qui explique la réaction » sur les taux, estime M. Rolland.

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Mais « à part sur la dette souveraine italienne, où l’aspect BCE a joué, force est de constater que nous avons des marchés européens qui répercutent simplement les inquiétudes américaines », en particulier celles autour du marché de la dette privée, qui est sous tension aux Etats-Unis, relève de son côté Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.