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Assemblées générales d’actionnaires: seront-elles reportées en juin ou organisées en huis clos ?

Les groupes ont le choix pour leurs assemblées générales des actionnaires entre l’organiser à huis clos ou la reporter le plus tard possible au mois de juin pour pouvoir accueillir du public. Loïc Dessain, le Directeur général de Proxinvest, plaide pour des AG en direct faisant valoir l’importance auprès des actionnaires particuliers de ce rendez-vous unique dans l’année.

Les assemblées générales d’actionnaires vont prendre des formes très différentes cette année. Pour éviter la propagation du coronavirus, les rassemblements sont en effet interdits. En conséquence, plusieurs possibilités s’offrent aux groupes pour réunir leurs actionnaires.

Loïc Dessaint, le Directeur général de Proxinvest, un cabinet de conseil aux investisseurs sur leur politique d’engagement et d’exercice des droits de vote, revient pour nous sur ces choix : « nous avions demandé au gouvernement la possibilité d’offrir aux groupes un délai de trois mois supplémentaires pour l’organisation de leurs assemblées générales. Ce délai n’a été accordé qu’aux sociétés dont le rapport des commissaires aux comptes n’a pas été remis avant le 12 mars. Pour les autres, il n’y a pas de report possible au-delà du 30 juin ».

De fait, le délai de trois mois qui permet d’organiser son AG au mois de septembre ne concerne que les petites et moyennes sociétés. Pour les grands groupes, le choix s’effectue entre report ou huis clos. « Notre recommandation est d’éviter le huis clos si c’est possible, indique Loïc Dessaint. Les assemblées constituent le seul moment de l’année où la direction d’un groupe se retrouve face aux petits actionnaires, qui pour une grande part ont investi une partie de leur épargne dans le capital de la société. Pour beaucoup de dirigeants, il s’agit d’un exercice d’humilité, de retour à la réalité. »

Plusieurs grands groupes comme LVMH, Atos, Valeo, Vinci, ou encore L’Oréal, ont fait le choix de tenir leur assemblée au mois de juin. « Cela donne également du temps au Conseil d’administration d’évaluer l’impact de la crise sanitaire sur leur activité, et de prendre en toute connaissance de cause une décision sur le versement ou non d’un dividende », ajoute Loïc Dessaint.

Deux modèles pour les assemblées à distance

Les assemblées à huis clos, quant à elles, pourront se dérouler selon deux modèles. « Le premier est celui mis en place par Elior, explique le DG de Proxinvest. Seuls quelques slides et un son audio pré-enregistré du Directeur général ont été diffusés sur le site. Sans aucune interaction. » D’autres groupes en revanche veulent mettre en place de véritables assemblées virtuelles avec la diffusion d’une vidéo live, et la possibilité de poser des questions. A l’instar d’Air Liquide ou de Carmat par exemple. « Dans les deux cas, seuls les votes à distance (par correspondance, procuration, ou Internet quand c’est possible) sont comptabilisés », indique Loïc Dessaint.

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L’organisation des assemblées à huis clos imposent des contraintes aux actionnaires. Alors que de nombreux bureaux de poste sont fermés et que le confinement les oblige à rester chez eux, il leur est difficile d’envoyer par exemple une question écrite. Des demandes ont ainsi été faites pour pouvoir le faire par e-mail. Enfin, le huis clos n’empêchera pas les actionnaires, certes privés de débat en séance, de voter contre certaines résolutions controversées. « Les grands investisseurs vont se comporter comme ils le font d’habitude. Certains projets pourraient être rejetés de la même manière que lors d’une assemblée classique », conclut le dirigeant de Proxinvest.