Coronavirus : les turbulences sur les marchés perturbent les projets d’acquisition
Les projets de rapprochement annoncés avant le développement de la pandémie ont été pour la plupart retardés. Reste à savoir s’ils vont pouvoir néanmoins se conclure.

Retardés, amendés, de nombreux projets de rapprochements entre grands groupes sont en suspens en France à cause de la pandémie de Covid-19, génératrice d’une incertitude qui rebat les cartes des fusions-acquisitions.
« Beaucoup de projets qui avaient été entamés avant le développement de la pandémie ont été soit complètement arrêtés, soit simplement mis en pause en attendant d’avoir plus de visibilité », souligne auprès de l’AFP Damien Anzel, associé EY au sein de l’équipe fusions-acquisitions.
L’incertitude de l’environnement économique actuel « brouille un peu les pistes », selon lui, « parce que les curseurs de performance opérationnelle » et de valorisation boursière des entreprises ne sont plus aussi lisibles dans des marchés « très volatils » qui « ont chuté de plusieurs dizaines de pour cent en quelques semaines ».
Sans compter que pour ce qui est du financement, les prêteurs « sont aujourd’hui plutôt en train de dédier leurs capacités d’intervention à des opérations de refinancement ou d’octroi de lignes de crédit pour des entreprises qui en ont besoin du fait du manque de liquidités », complète M. Anzel.
PSA-Fiat Chrysler, deux groupes fragilisés
Même si les préparatifs juridiques et boursiers se poursuivent, des ombres planent sur le mariage annoncé entre PSA et Fiat Chrysler (FCA), censé être finalisé au plus tard début 2021.
La pandémie actuelle fragilise les constructeurs automobiles français et italo-américain, dont plusieurs sites de production sont à l’arrêt, et remet en cause les termes financiers de leur union, selon des sources financières.
« La probabilité que la fusion se fasse est quasi nulle aujourd’hui, en tout cas dans les conditions qui étaient prédéfinies », juge auprès de l’AFP un investisseur, sous couvert d’anonymat.
« Les groupes de travail maintiennent et même accélèrent le rythme sur le projet pendant cette crise, pour réaliser le closing », a cependant assuré le patron de PSA Carlos Tavares.
Alstom-Bombardier, toujours sur les rails
Les syndicats d’Alstom se sont donné jusqu’au 30 juin ou « début juillet » pour rendre leur avis sur le projet de rachat de la division ferroviaire du conglomérat canadien Bombardier.
« Le deal continue comme prévu », a indiqué un porte-parole d’Alstom à l’AFP. « Les différentes étapes avancent avec l’Union européenne. Les discussions se poursuivent ».
« On comprend que ce qui se passe autour du Covid-19 pourra avoir un impact sur le calendrier, on en tiendra compte », a complété la même source, sans faire de commentaire sur une éventuelle modification des termes de la fusion.
Worldline-Ingenico, la finalisation prévue cet été
Le spécialiste des paiements électroniques Worldline, qui veut racheter son concurrent Ingenico via une opération amicale officialisée début février, a reporté au 9 juin son assemblée générale initialement prévue le 14 mai, « compte tenu des circonstances exceptionnelles liées à l’épidémie de Covid-19 ».
« Ce report n’aura pas d’impact sur le calendrier du projet stratégique d’acquisition d’Ingenico », a indiqué le groupe dans un communiqué, précisant que « grâce à la collaboration efficace des deux groupes », il a « progressé de manière très positive et pleinement en [conformité] avec son objectif de finalisation au cours du troisième trimestre 2020 ».
Covéa-Exor, l’opération suit son cours
Le leader français de l’assurance dommage Covéa a annoncé début mars son intention de racheter le réassureur Partner Re à la holding financière Exor de la famille italienne Agnelli pour 9 milliards de dollars.
Selon une source proche du dossier, « le projet d’acquisition [de Partner Re] suit son cours même si les délais semblent se rallonger au vu de l’actualité ». Covéa vise toujours une conclusion de l’opération d’ici à la fin de l’année, ajoute cette même source.