Se connecter S’abonner

Smic: il est recommandé au gouvernement de s’abstenir de « coup de pouce »

Comme chaque 1er janvier le Smic bénéficie d'une revalorisation. En revanche, pas de coup de pouce conseille un groupe d'experts au gouvernement.

Le groupe d’experts sur le Smic, consulté avant chaque revalorisation du salaire minimum le 1er janvier, recommande au gouvernement de s’abstenir de « coup de pouce » et de s’en tenir à la revalorisation automatique, dans son rapport transmis jeudi à l’AFP.

Depuis sa création en 2008, ce panel d’économistes s’y est toujours montré défavorable, estimant que cela nuirait à l’emploi des moins qualifiés, au chômage toujours élevé, tout en ayant un « impact limité contre la pauvreté ».

Un salaire minimum le plus élevé des pays de l’OCDE

En proportion du salaire médian, le salaire minimum français « a la double caractéristique d’être le plus élevé des pays de l’OCDE en termes de revenu disponible » (en tenant compte des prestations de soutien telle la prime d’activité) et « d’être dans la moyenne quand il s’agit du coût total du travail », souligne le groupe. 

Ce résultat « a été obtenu au cours du temps par une politique systématique et transpartisane de réduction des contributions sociales employeurs sur les bas salaires », ajoute le groupe, qui note « qu’elle a atteint ses limites » puisqu’il ne reste plus que la cotisation accidents du travail et maladies professionnelles.

En outre, les experts présentent plusieurs simulations qui montrent que la revalorisation exceptionnelle de la prime d’activité mise en oeuvre en 2019 (90 euros) « a davantage contribué à réduire la pauvreté qu’un relèvement du Smic de la même valeur ».

Du fait de cette revalorisation, la part de ménages pauvres parmi les bénéficiaires de la prime d’activité devrait passer de 27 à 19% en 2019. La prime d’activité bénéficiait au 30 juin à 4,17 millions de foyers, soit 1,44 million de plus que l’an dernier.

Hausse mécanique du Smic

Le Smic bénéficie chaque année d’une hausse mécanique, calculée selon deux critères: l’inflation constatée pour les 20% de ménages aux plus faibles revenus et la moitié du gain de pouvoir d’achat du salaire horaire de base ouvrier et employé (SHBOE). Le 1er janvier 2019, cette revalorisation a été de 1,5%.

Comme l’année dernière, les auteurs préconisent de réformer cette formule pour ne garder que le critère de l’inflation ou même aucun critère.

Selon eux, cela « accroîtrait la responsabilité des pouvoirs publics (…), en particulier dans le contexte de la réflexion actuelle sur une unification des minimas sociaux » et « contribuerait à renforcer le rôle de la négociation collective dans la définition des normes salariales ». 

Enfin, le groupe a examiné cette année les grilles salariales des fonctionnaires et constaté que, « pour de nombreux agents, les rémunérations les plus basses ont eu tendance à s’aligner sur le Smic au cours du temps et que nombre de carrières se déroulent désormais au voisinage du Smic ».

« Ces caractéristiques peuvent contribuer à un sentiment diffus de perte de perspectives et de déclassement, conduisant in fine à des problèmes d’attractivité pour les fonctions publiques », notent-ils.